DERAA, 25 mars – Ce mardi 25 mars, une attaque menée par un char israélien dans la province de Deraa, au sud de la Syrie, a causé la mort d’au moins cinq personnes, selon différentes sources locales.
L’armée israélienne a déclaré avoir riposté à des tirs provenant du sud de la Syrie. Selon un communiqué, des soldats israéliens auraient « identifié plusieurs terroristes qui ont ouvert le feu en direction de leurs positions depuis le sud de la Syrie. Les soldats ont riposté et l’armée de l’air a frappé les terroristes ».
Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné ces frappes, dénonçant « une escalade dangereuse » et une atteinte à « la souveraineté nationale ». Selon le ministère, six civils ont été tués à l’ouest de Deraa, chef-lieu de la province éponyme.
Les autorités locales ont, quant à elles, fait état de cinq morts à Kouaiya, une localité frontalière. D’après l’administration provinciale, des chars israéliens auraient franchi la frontière avant de tirer des obus sur la zone. Le gouverneur de Deraa, Anwar al-Zohbi, a déclaré à l’agence de presse officielle Sana que ces incursions répétées de l’armée israélienne avaient déclenché des affrontements entre habitants et soldats, menant à une intensification des hostilités avec des tirs d’artillerie et des frappes de drones de la part de l’Etat hébreu.
Face à la violence des combats, environ 350 familles ont fui la localité de Kouaiya, selon les autorités locales.
Tensions croissantes
Depuis la chute de l’ancien président Bachar al-Assad en décembre dernier, Israël a renforcé sa présence militaire dans une zone tampon démilitarisée du Golan, à la frontière de la partie du plateau qu’il occupe depuis 1967. Tel-Aviv affirme que ce déploiement vise à protéger la population locale et ses propres citoyens.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte une intensification des incursions israéliennes dans le sud de la Syrie ces derniers mois. L’armée israélienne a, pour sa part, mené de nombreuses frappes contre d’anciens sites militaires du régime syrien, justifiant ces actions par la nécessité d’empêcher ces équipements de tomber aux mains du nouveau pouvoir, qu’elle qualifie de « djihadiste ».
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réaffirmé, le 23 février, son exigence d’une « démilitarisation totale du sud de la Syrie », insistant sur le fait qu’Israël ne permettrait pas aux forces syriennes de s’établir au sud de Damas.
Début mars, lors d’un sommet arabe au Caire, le président syrien Ahmad al-Chareh a exhorté la communauté internationale à intervenir pour obtenir le retrait immédiat des forces israéliennes du sud du pays.
Réactions internationales
À l’ONU, plusieurs nations, dont la France, la Chine et la Russie, ont exigé qu’Israël se retire des territoires syriens occupés. Le délégué chinois à l’ONU a condamné les raids et a insisté sur le fait qu’Israël devait cesser immédiatement ses opérations militaires en Syrie. Le représentant russe a également affirmé que la présence israélienne dans la région constituait une violation du droit international et a appelé à un retrait urgent.
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a exprimé son inquiétude face aux déclarations israéliennes suggérant un maintien prolongé dans la région et aux demandes de démilitarisation totale du sud syrien.
La Jordanie, voisine de la Syrie, a dénoncé mardi l’incursion et les bombardements israéliens dans la province de Deraa. L’Arabie saoudite a également réagi, accusant Israël de mettre en péril « la stabilité et la sécurité de la Syrie et de la région » par des violations répétées du droit international.
L’armée israélienne a par ailleurs confirmé avoir mené ce mardi des frappes contre deux bases militaires situées au centre du pays, cibles déjà attaquées quelques jours auparavant et ayant déjà causé la mort de 2 civils.