Affrontements entre armée syrienne et Hezbollah à la frontière libanaise

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De violents combats ont éclaté le long de la frontière avec le Liban, plusieurs morts.

Les relations entre la Syrie et le Hezbollah libanais continuent de se tendre après l’attaque d’un groupe armé affilié au Hezbollah ayant capturé puis exécuté trois soldats syriens près de la frontière, selon le ministère syrien de la Défense. 

L’incident, survenu aux abords du barrage de Zeita, à l’ouest de Homs, a entraîné une escalade des affrontements entre l’armée syrienne et les combattants du Hezbollah, marquée par des échanges de tirs d’artillerie et le renforcement des effectifs militaires dans la zone frontalière.

Un raid transfrontalier imputé au Hezbollah

D’après les autorités syriennes, une unité liée au Hezbollah a tendu une embuscade à trois militaires de la 103ᵉ brigade de l’armée syrienne avant de les transférer en territoire libanais, où ils ont été sommairement exécutés. Leurs corps ont ensuite été restitués aux autorités syriennes par l’armée libanaise, via le poste-frontière de Jousié, avec l’aide du Croissant-Rouge libanais.

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et authentifiée montre un combattant du Hezbollah filmant la lapidation à mort de l’un des soldats syriens capturés, suscitant une vive indignation à Damas. En représailles, l’armée syrienne a pilonné plusieurs positions du Hezbollah à la frontière, notamment dans la ville libanaise d’Al-Qasr.

De son côté, le Hezbollah a imputé la responsabilité à l’armée syrienne, affirmant dans un communiqué que les membres de cette dernière ont traversé sans permission la frontière. Cependant, les médias d’État syriens, citant des sources sécuritaires, persistent à accuser le groupe armé libanais d’être responsable de l’attaque.

Affrontements post-Assad & lutte contre les trafics

Par ailleurs, depuis la prise de Damas, les nouvelles autorités syriennes ont déclaré la guerre aux trafics en tous genres, à commencer par le trafic de drogue -captagon en tête-, ce dernier ayant été développé à grande échelle et ayant généré des revenus colossaux au régime d’Assad et aux différentes factions pro-iraniennes lui ayant prêté main forte, au premier rang desquels le Hezbollah, dont les trafics de drogue et de contrebande persistent dans leurs différents fiefs le long de la frontière syro-libanaise, amenant les nouvelles forces syriennes à réagir.

Ainsi, en février déjà, d’intenses combats ont opposé l’armée syrienne à des groupes de contrebande affiliés au Hezbollah et à des clans libanais actifs sur la frontière. Des armes lourdes ont été utilisées lors des affrontements, permettant aux forces syriennes de reprendre plusieurs villages de la région de Qousseir, dont Akkoum, Balouza, Zeita, Hit et Buwayt.

Ce regain d’animosités réciproques n’est toutefois guère surprenant, le Hezbollah libanais s’étant rué au chevet du régime de Bachar al Assad dès les premières semaines du conflit syrien, se rendant par-là même coupable de nombreuses exactions sur le théâtre syrien, et ayant affronté pendant plus d’une décennie les différentes factions révolutionnaires syriennes. Il est à noter à cet effet que nombre de loyalistes au régime Assad encore en activité ont justement trouvé refuge dans les zones sous contrôle du Hezbollah : nombre d’entre eux ont ainsi préparé leur sanglante insurrection du 6 mars dernier à partir de ces territoires, et nombre d’entre eux y ont de nouveau trouvé refuge à la suite des violents combats y ayant fait suite.

Après l’attaque contre ses soldats, le ministère syrien de la Défense a annoncé l’envoi de renforts supplémentaires dans la zone et affirmé sa volonté de « prendre toutes les mesures nécessaires » en réponse à cette escalade. Depuis, plusieurs tirs d’artillerie ont visé des positions du Hezbollah, avec une possible coordination entre l’armée syrienne et les forces libanaises pour sécuriser les points de passage frontaliers.

Inquiétudes

La situation inquiète de part et d’autre de la frontière. Des médias libanais ont rapporté que plusieurs roquettes tirées depuis la Syrie avaient touché la ville d’Al-Qasr dimanche, sans faire de victimes. Parallèlement, des vidéos diffusées en ligne montrent des échanges de tirs de missiles entre les forces syriennes et les combattants du Hezbollah.

Face à cette recrudescence des violences, des habitants des localités frontalières ont commencé à fuir en direction de la région libanaise de Hermel, craignant de nouveaux affrontements. 

Alors que Damas et Beyrouth insistent sur l’importance d’une meilleure coordination sécuritaire, l’avenir de cette crise reste incertain : s’agit-il d’un simple pic de tension ou, plus certainement, du début d’un conflit de plus grande ampleur ?

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